Round 2 : Fight !
Torres del Paine, Chili
Ce matin non plus le réveil n’a pas été formidable. Le vent ne nous a pas accordé beaucoup de répit.
Seulement, pas le temps de se lamenter ; il faut rouler les duvets, ranger la nourriture, démonter et plier la tente.
Nous faisons tout cela comme il se doit, c’est-à-dire au radar.
Pour arriver au Campamento Italiano, il nous faudra d’abord venir à bout de deux heures de marche avec les sacs à dos chargés.
Ensuite, nous remonterons la tente et mangerons rapidement, avant de retourner faire grimpette.
Au revoir le Lago Pehoe…
A la sortie d’un virage débouchant sur une crête bien dégagée, je me fais quasiment arracher de terre par des bourrasques.
Mon sac, dépassant bien largement au-dessus de ma tête, est une prise parfaite pour le vent. Impossible d’avancer, je dois lutter pour ne pas me faire emporter en arrière.
Seb se marre, prend des photos, fait même une vidéo, puis vient quand même à mon secours, le temps de me sortir de la zone de turbulences.
Nous volons littéralement sur le reste du parcours, puisque nous passons le pont suspendu marquant l’entrée du site en deux heures à peine.
Nous sommes dans les premiers sur place, ce qui nous permet de choisir un emplacement V.I.P pour notre tente Doite.
Ce soir, cachés sous les arbres, nous serons les rois du monde !
Après une rapide inspection, les installations sont plutôt sommaires : un pseudo coin cuisine qui ne m’inspire pas vraiment, des toilettes, qui deviendront vite « impraticables » et enfin, la rivière pour aller chercher de l’eau et faire la vaisselle.
C’est mort pour la douche ce soir ; c’est ici que débute notre vraie vie de randonneurs !
Après avoir déjeuné, j’ai vraiment la flemme de bouger mais il faut se lancer à la recherche du glacier (je précise bien « recherche » car rien n’est vraiment balisé, excepté si on peut qualifier de signalisation une trace de peinture rouge bien cachée sur un rocher, à une distance tout à fait approximative les unes des autres… ).
Il est évident qu’en plus d’être mauvais en signalétique, le chilien a de réels problèmes avec l’évaluation du niveau de difficulté de ses sentiers.
Pour vous donner une idée, est qualifié de niveau moyen un chemin où on doit mixer l’escalade (et je n’exagère pas), la traversée de cours d’eau de tailles diverses, la marche, avec des passages tellement larges qu’on a juste peur de faire de faire un plongeon et de se fracasser sur les rochers en contrebas. Une merveille.
C’est à ce moment là que t’effleure l’idée que tu pourrais mourir n’importe où dans ce parc, sans que jamais personne ne te retrouve…
Je ne sais pas vraiment à quelle distance se trouve le mirador, mais cette montée est affreusement longue. Heureusement, la météo exceptionnelle nous offre une vue imprenable sur Los Cuernos (deux sommets ayant l’aspect d’une paire de cornes).
Nous atteignons enfin le campement britannique, marquant la fin du calvaire.
Un peu plus haut, le Glaciar Frances est sympa aussi, mais moins impressionnant que la veille : c’est plus comme si c’était le premier en même temps…
La descente sera encore plus longue et plus pénible que la montée. Seb a très mal au genou.
Je lui trouve un bâton qui lui sert de canne, mais rien n’y fait. Il souffre et cela se voit.
Un peu impuissante, je l’encourage jusqu’à l’arrivée, à 19H passées ; il est rincé.
Nos voisins sont déjà tous là et se préparent de quoi dîner. Juste le temps d’aller chercher de l’eau à la rivière et nous faisons de même.
La nuit s’annonce paisible, bien à l’abri dans les sous-bois. Pas un souffle de vent ne vient secouer la tente.
Le soleil est désormais couché et c’est également pour nous l’heure de s’éteindre…