Le mystère de la porte géorgienne
Dublin, Irlande
Lorsqu’on arrive à Dublin, il peut arriver d’être surpris par autre chose que par la concentration de pubs au mètre carré.
En effet, dès qu’on se promène un peu dans les quartiers résidentiels du centre-ville, on remarque très vite les portes des maisons, toutes différentes et surtout, très colorées.
Ces portes, ainsi que beaucoup de maisons, se sont inspirées de l’architecture géorgienne, très en vogue en Irlande et surtout, à Dublin, au XVIIème siècle.
Les demeures en brique avec leurs lourdes portes à heurtoirs (la grosse poignée fixée sur la porte pour frapper sans se détruire la main, ancêtre de la sonnette), surmontées d’éventails vitrés, constituaient un signe distinctif de la bourgeoisie. Les portes étaient alors de teinte identique.
Du coup, toutes les maisons se ressemblaient ; à tel point qu’il était difficile de reconnaître la sienne, ce qui finit par poser problème.
La légende urbaine raconte que George Moore, un romancier de l’époque, excédé par les visites nocturnes de son voisin bourré qui se trompait de maison, finit par repeindre sa porte en vert vif, de manière à lui signifier courtoisement qu’il s’apprêtait à entrer au mauvais endroit.
L’autre, trouvant l’idée intelligente, repeignit lui aussi sa porte, mais en rouge vif, histoire de bien la repérer, même en état de décomposition très avancée.
Et en deux ou trois coups de pinceau, la mode fût lancée et chacun mit à un point d’honneur à différencier sa porte de celle d’à côté.
Désolée de casser le mythe mais ce qui pouvait autrefois passer pour du bon goût et un sens prononcé du raffinement n’est en fait que le fruit d’un gros abus de Guiness !