Noir c’est noir
Petra, Jordanie
A Petra, lorsque notre regard se pose sur les hommes, il y a quelque chose de différent. En fait, après quelques temps, il est facile de remarquer qu’ils n’ont pas de plus beaux yeux qu’ailleurs, mais juste qu’ils ont les yeux maquillés ou plus précisément, cernés de noir avec du khôl.
C’est très joli, ne bouge pas et fait ressortir la couleur de l’iris. Je décide donc que moi aussi j’en veux, parce que le crayon qui bave et qui, en plus de te faire ressembler à un panda lorsqu’il coule, te laisse de disgracieux dépôts aux coins des yeux, c’est nul.
Je pose donc la question au camp où nous nous trouvons. On m’envoie alors vers un certain Marmoud, sur le site même de Petra.
Le lendemain, comme indiqué, je trouve Marmoud. Discours bien rodé, argumentaire efficace. Il m’explique que ce qu’il porte, ce n’est pas du maquillage mais un puissant antiseptique pour les yeux, uniquement composé de produits naturels. Il précise que les bédouins portent du khôl pour nettoyer leurs yeux de la poussière, des impuretés et surtout du sable, ce qui paraît plutôt censé vu l’endroit.
Ensuite, petite démonstration. Il sort une boîte avec des produits de différentes origines et m’en étale sur chacun des doigts, afin que je puisse aisément faire la comparaison.
Sur mon petit doigt, le marocain : très gras et très noir.
Sur mon annulaire, le pakistanais, qui à plus le toucher de la craie et qui est d’un noir bien moins intense.
Sur le majeur, le khôl indien. Celui-ci est incroyablement noir mais il suffit qu’on souffle dessus pour qu’il n’en reste presque plus rien.
Pour ces trois produits, un coup de mouchoir sur les doigts suffit pour qu’il n’en subsiste rien.
Enfin, le « bédouin khôl ». Il est noir comme le charbon. En y allant comme une brute avec le mouchoir, il me faudra plus de trois essais avant de l’enlever totalement de mon index. Marmoud me précisera que s je m’y prends bien, il peut tenir facilement trois ou quatre jours.
Petite leçon pratique : Il commence par le bas, en n’oubliant pas les coins. Quand l’oeil est bien humide, il faut le fermer ben fort, pour que la poudre s’accroche aussi sur le rebord de la paupière supérieure. Il répète l’opération pour que le résultat soit uniforme (et il faut dire que lorsque ce n’est pas moi qui me maquille, ça a tendance à me faire pleurer…). Enfin, un petit trait sur le coin extérieur de l’oeil pour étirer le regard et me faire ressembler à Cléopatre, et c’est terminé.
Résultat probant : une fois les saletés présentes dans mon oeil retirées avec le coin d’un mouchoir quelques minutes après l’application, le résultat est là.
Pour l’avoir testé quelques fois, cela ne bouge pas, à moins de se frotter les yeux avec insistance.
En ce qui concerne le prix, c’est dix dinars (environ 12 euros) pour le petit contenant, qui d’après Marmoud, aurait d’une durée de vie de trois ans !
Naturel, antiseptique, tenue parfaite, prix raisonnable : what else ?!